La rue, musée à ciel ouvert

Les musées sont fermés et risquent de le rester un moment. L’accès à la culture, de manière générale, se trouve au mieux métamorphosé, au pire restreint, par le confinement actuel. Pour beaucoup, le 11 mai 2020 brille comme une lumière au bout du tunnel. Heureusement, les rues qui nous entourent sont une exposition permanente ouverte à toustes. Même en ne parcourant qu’un petit kilomètre autour de chez vous, il y a des chances pour que vous trouviez de quoi vous émerveiller.

J’habite à Villejuif, au sud de Paris. Plus exactement, j’habite à deux pas la frontière commune entre Villejuif, Ivry et Vitry, cette dernière ville étant un haut lieu du street art. Je sors deux fois tous les dix jours. Une fois pour aller à la pharmacie (200m à parcourir), une autre pour aller faire mes courses au Kremlin-Bicêtre (30min de marche aller-retour). Même en parcourant si peu de distance, j’aperçois à chaque sortie diverses fresques, tags et graffiti. Il y a les inscriptions coulantes qui font faire les gros yeux aux vieux messieurs de bonne famille, les fresques colorées à côté du skate parc, des têtes mystérieuses, accrochées à un mur, qui semblent sorties de nulle part et des portraits oniriques que d’autres ont tenté de recouvrir à coup d’extincteur.

Chacun de ces exemples est un prétexte à l’évasion et à l’imagination. Qui l’a peint ? Pourquoi ? Était-ce la nuit, rapidement, capuche rabattue sur le visage ? Était-ce en plein jour, l’aérosol au bout d’un bras levé comme en signe de défi ? Était-ce un jeune homme rebelle en quête de liberté ? Était-ce une artiste aguerrie qui voulait sortir de son atelier, briser sa routine ? Peu importe. Chaque oeuvre de rue est un vivier d’histoires que vous êtes libres de vous raconter à chaque pas.

Le 11 mai, nous pourrons vraisemblablement commencer à nous déplacer plus librement. Il sera surement possible de se promener au soleil et d’arpenter sa ville pour la redécouvrir avec délice après deux mois d’enfermement. Gardez l’oeil aux aguets. Vous remarquerez peut-être ainsi une peinture s’étalant sur plusieurs mètres, au bout d’une ruelle dans laquelle vous n’avez jamais pensé à mettre les pieds. Ou bien un agglomérat de dizaines de petits collages et pochoirs que vous pourrez essayer de décrypter pendant de longues minutes. Levez le nez aussi : en hauteur se cachent les discrètes mosaïques d’Invader, les têtes de singe de Zorm et les coeurs anarchistes d’A2. Le chercher peut devenir un jeu de piste fascinant.

Ne laissons donc pas la morosité nous gagner. S’il faut temporairement faire une croix sur les musées, les cinémas et les salles de concert, l’art reste présent partout autour de nous, dans sa forme la plus accessible et la plus populaire.

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